Maîtrisée, la superposition peut donner une allure cool et avant-gardiste à un look. Vue sur les podiums Chanel, Hermès ou Jacquemus, l’accumulation s’annonce comme la tendance de l’automne-hiver 2014-15. Mais comment s’en emparer sans avoir l’air d’un portemanteau ? Faisons le point sur l’intérêt et les limites de cette nouvelle lubie.
Deux maîtres-mots pour s’approprier cette tendance : subtilité et sobriété. Superposer ne signifie pas étaler tous les trésors de sa penderie dans un même look. Dans un premier temps, il s’agit donc de jouer sur des tissus fins, sans trop de volumes, pour eviter l’effet bibendum. Au quotidien, pour sortir ou pour aller travailler, on dit oui à l’incontournable chemise débordant d’un pullover, d’un tee-shirt ou même d’une robe à manches courtes comme chez A.F. Vandevorst. Et puisque le col roulé fait son grand retour cet hiver, on n’hésite pas à lui infliger le même sort ! Pas assez sexy sur vous ? Pas d’inquiétude, la transparence est à la mode également, et se porte au-dessus ou en-dessous sans modération ; à la manière de la robe longue brodée de sequins portée sur une robe courte de Christian Dior.
Si l’on reste frileuse devant les superpositions trop franches, on peut toujours miser sur le chevauchement des accessoires. Pourquoi ne pas jouer sur un foulard ceinturé d’une jolie lanière de cuir sur une robe voilée et réhaussée d’un plaid – très tendance en ce moment –, comme chez Burberry Prorsum ? Toutes les supercheries sont de mise pour questionner et repenser les proportions.
En images : les superpositions repérées sur les podiums
Et on n’hésite pas non plus à changer l’ordre des choses. Pour accueillir les fraîcheurs de l’hiver par exemple, on mise sur un empilement de vestes pour remplacer son gros manteau. La doudoune fine passe sous la veste en cuir (que l’on choisit une taille au-dessus pour être à l’aise) comme chez Alexander Wangou Barbara Bui, et la veste de smoking devient une chemise que l’on ceinture sous une autre veste, à la manière des silhouettes Hermès. Car, oui, bouleverser les codes fait partie du jeu ! Si la superposition gagne sa place de super tendance, c’est aussi pour son caractère ludique qui nous rappelle les faux pas de notre enfance.
Et l’on peut créer à son gré, tant que cela reste modéré. En effet, le all-over de motifs et les volumes XXL, c’est très beau sur les podiums Kenzo, mais peu adaptable dans la vraie vie. Les plus aventurières pourront tenter la jupe ou la robe sur le pantalon, vues sur les défilés Jacquemus, Balenciaga ou Marc by Marc Jacobs, mais on privilégiera alors des tissus très structurés comme des lainages serrés ou des cuirs ton sur ton ou en camaïeu. À bas les tissus flous et amples qui vous feront retourner directement à vos looks baba cool du lycée. Pour jouer l’avant-gardisme, il faut maîtriser les codes. Une fois qu’on a toutes les cartes en main, plus d’excuse pour ne pas se lancer !
Article rédigé pour le Madame Figaro
Défilé Alexander Wang, automne-hiver 2014-15.