Styliste Free-lance

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Décryptages mode

Éléonore Toulin, le nouveau top Chanel adorée par Jacquemus

À 23 ans, Éléonore Toulin est devenue mannequin Chanel du jour au lendemain. Sur le défilé de Karl à Salzburg la semaine dernière, sur le shooting Zara ce week-end… Être la meilleure copine de Simon Porte Jacquemus, ça aide aussi. Retour sur ce personnage haut en naturel.

Rendez-vous à Oberkampf, il est 17h36. Il fait déjà nuit lorsqu’une fraîcheur toute naturelle vous tombe dessus. Une voix grave, un manteau bleu électrique, une effluve de musc blanc mêlé à de la fleur d’oranger… c’est Éléonore Toulin, impressionnante et spontanée. Plus connue sous l’appellation de Léo Depp, savant mélange de son surnom et du nom de Johnny –oui oui, la jeunesse ça vous marque- la it-girl qu’elle est devenue cultive sa part de mystère. Et pourtant, du haut de son mètre soixante-dix-huit, le mannequin ne se prédestinait pas à une telle carrière. « J’ai presque honte de dire ça aujourd’hui » raconte-t-elle avec étonnement.

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Née d’un père français architecte restaurateur et d’une mère américaine décoratrice d’intérieur, Éléonore grandit dans le monde de l’art –très fifties- entre Saint-Cloud, Londres et Fontainebleau. Si son immense curiosité la pousse à vouloir toucher à tout dès toute petite : sage-femme, « j’avais un carnet où je dessinais plein de femmes enceintes, la folle ! » , vétérinaire, puis actrice… C’est à 14 ans que la jeune fille a le déclic. Son père lui met un appareil photo entre les mains, et c’est parti. La passion pour l’image grandit, elle en fera son métier.

Après une adolescence quelque peu mouvementée entre un passage éclair en internat « chez les bonnes sœurs », et une escapade de six mois à New York chez sa tante adorée après son bac, la jeune fille se rend compte que le rêve américain doit s’achever pour prendre sa vie en main. De ces expériences, elle gardera une extrême agilité pour danser le rock –les rallyes de l’internat, ça forme !- et une étoile tatouée sur le bras gauche. En reprenant ses études dans la photo en 2009, l’artiste en herbe fait la connaissance du photographe Thierry Bouët, qu’elle assistera durant deux ans et deux projets, pendant et au sortir de son école. Production, direction artistique… Elle s’inspire de ses mentors que sont Newton et Lindbergh, ou des films de Wes Anderson, pour saisir des compositions de mode rétro et authentiques.

Nouveau virage en 2011, l’année où Éléonore est contactée via les réseaux sociaux par un jeune créateur de 20 ans dont tout le milieu parisien de la mode parle : Simon Porte Jacquemus. Ce dernier souhaite qu’elle figure dans la campagne de « L’Usine », l’une de ses premières collections. Suivant le mouvement d’enthousiasme autour de la griffe française, la belle s’est naturellement greffée au microcosme rétro et trendy gravitant autour du Marseillais, –notamment aux côtés d’une autre it-girl, Jeanne Damas. Au fil du temps, ils deviennent inséparables. « Cet été, on passait les vacances ensemble, celles de Noël on les passera ensemble… Et ce soir encore, on sera ensemble autour d’un tajine pour fêter mon nouvel appartement ! […] Avec Simon c’est toujours la folie, quand on ne danse pas sur du disco, je suis sa poupée, il m’habille. L’autre jour, il me demande « Tu veux être quelle fille ? France Gall ? » » (rires).

Sans jamais perdre de vue son objectif, le jeune mannequin est poussée par son ami à intégrer une agence. En mai dernier, le destin s’accelère. Éléonore fait la connaissance d’Arnaud Valois, agent dans la prestigieuse agence de mannequins, Ford Models Paris. Un vrai coup de foudre. Ce dernier l’embauche et devient aussitôt son chaperon. « Un mois après, je défilais pour Chanel », souligne la modèle, encore stupéfaite. Sans cacher son intimidation, Éléonore a su imposer une personnalité en béton et un physique naturel. Elle raconte : « Le plus stressant, ce n’était pas le défilé, mais la rencontre avec Karl Lagerfeld lors du fitting. C’est la personne la plus impressionnante que j’ai rencontrée jusque-là. Et le plus extraordinaire, c’est qu’il se souvenait de moi, mannequin pour Jacquemus au prix LVMH trois mois avant : « Oh c’est Éléonore, je l’adore ! » s’est-il exclamé ». Depuis, son quotidien est rythmé par les shootings et fittings pour des magazines ou des marques tels que JalouseZaraChloé… ou encore la jeune marque française Sézane, pour qui elle est égérie depuis un an.

Un secret beauté ? Pas vraiment… si ce n’est l’application de sa lotion Bioderma et d’une crème hydratante sur le visage après la douche, sa crème pour le corps Dyptique le soir, et une brume de Thé des Vignes de Caudalie. Soit, un naturel brut indétrônable mettant en valeur ses grains de beauté et tatouages divers. L’étoile, certe, mais aussi des caractères de l’alphabet runique, et un ananas choisi par Simon lors de leurs dernières vacances à Ibiza. Côté look, la jeune femme arbore le plus souvent un jean noir, de grandes chemises d’homme, ses boots Acne… et sa pièce fétiche : un long trench en daim marron. « Je me rends régulièrement dans des boutiques vintage. Il y a deux semaines, j’y ai encore trouvé un trench en daim doublé de fourrure, il est dingue ». Une approche de la mode pour le moins en contraste avec le monde avec lequel elle flirte depuis quelques temps…

Et si « Léo » trouve encore ce brusque revirement de situation surprenant, elle compte bien s’investir à 100% dans sa nouvelle profession. « C’est un énorme changement dans ma vie, ce n’est pas facile, mais je ne saisis que le meilleur. On rencontre des gens incroyables, on voyage… ». Et après ? La belle nous confie qu’elle espère grâce à cela pouvoir revenir à ses premiers amours :  la photographie, et pourquoi pas envisager par la suite de travailler dans la direction artistique. En attendant, on va tâcher de profiter encore un peu d’admirer cette jolie girl next door sur les podiums…

Article rédigé pour le Madame Figaro.fr

Décryptages mode

La mode est-elle féministe ?

On l’a vu récemment sur le podium Chanel, mais cela va plus loin. La mode, depuis le début du XXe siècle, a su accompagner et contribuer à l’évolution de la condition féminine. Mais est-elle féministe pour autant ?

Il y a une semaine, Karl Lagerfeld faisait manifester la femme Chanel dans les rues de Paris reconstituées pour son défilé printemps-été 2015. Au programme, des pancartes revendiquant des propos tels que « Ladies first », « Make fashion, not war », « We can match the machos », « Le genre ne veut pas dire mauvais genre », « sans femmes, pas d’hommes » ou encore « Je ne suis pas en soldes ». Un air de mai 68 remis au goût du jour pour secouer la société jugée « rétrograde » par le créateur. Une occasion de faire passer un message, ou une performance artistique en dehors de la réalité ?

S’il a pu être influencé par les propos féministes de sa mère lorsqu’il était petit – « les hommes, ce n’est pas si important que ça » relate l’AFP-, il s’inscrit dans la ligne d’un Chanel toujours  poussé par un vent de liberté protestataire. En effet, à partir du moment où Coco a investi le vestiaire masculin en 1910 pour rendre le tweed, le jersey, la marinière… mais surtout le pantalon, accessibles à toutes, le féminisme est entré plus concrètement dans l’univers du vêtement.  Les femmes ont ainsi emprunté des pièces masculines « sans se déguiser en homme, mais bien en s’appropriant leur vestiaire», explique Jean-Michel Bertrand, professeur d’histoire de la mode à l’IFM (Institut Français de la mode). Elles revendiquent la liberté de jouer avec les codes pour bousculer l’ordre des choses. Une mode qui libère la femme, lui apporte confort et praticité. Voilà en quoi Gabrielle Chanel pensait révolutionner le quotidien des femmes, sans pour autant avoir un point de vue féministe.

Si la mode a contribué à l’évolution de la situation de la femme en la libérant des corsets incontournables de l’époque pour les fameux pyjamas de ville ou de plage, elle lui a surtout donné le choix de son apparence, rappelle Valérie Taieb, historienne de la mode. S’exposer aux regards grâce aux mini-jupes de Mary Quant en 1962, prendre le contre-pied de la féminité dans les larges tailleurs pantalons d’Yves Saint Laurent en 1967, ou encore afficher sa sensualité dans les mailles près du corps de Sonia Rykiel… « Chanel a donné la liberté aux femmes. Yves Saint Laurent leur a donné le pouvoir » disait Pierre Bergé. Elles ont magnifié leurs personnalités au travers des vêtements, pour elles, et non pour les hommes. Grâce à ce nouveau panel de choix, les femmes ont réussi à s’émanciper. Mais n’oublions pas que la mode a toujours comporté son lot de codes, d’artifices et de stéréotypes. Les canons de beautés ont régis les tendances, avant même que celles-ci se mettent au diapason des conditions socio-culturelles. C’est en filtrant la société par son prisme esthétique et l’invention de sa femme rêvée que la mode a accompagné à sa façon le mouvement féministe.

Mais qu’en est-il du féminisme à présent ? Après ses nombreuses victoires, la forme la plus radicale du féminisme s’est quelque peu éteinte après les années 70, pour mieux revenir ces dernières années. Avec le corps comme moyen d’expression,  les derniers mouvements dit « troisième vague féministe », ont su rebondir pour contrer les inégalités et injustices actuelles (on pense aux Femens et leurs seins nus peinturlurés). Mais la mode n’est pas en reste. Le renouvellement de la marque Céline par la créatrice britannique Pheobe Philo et ses lignes androgynes en 2008, l’allusion à la souffrance des femmes pour être belle d’Alexander McQueen par ses colliers de femme girafe et ses bouches botoxées en 2009, ou encore les performances des danseuses –de toutes tailles, de toutes couleurs de peau- de Rick Owens en 2013. Dernièrement, c’est Karl Lagerfeld qui s’est emparé du sujet avec son défilé propagande. Avec ce simulacre de manifestation pour la femme, aux slogans plutôt « beaux » que profonds, le créateur a semé le malaise. La mode, du luxe, par essence ne serait pas légitime sur des propos aussi idéologiques que le féminisme souligne Jean-Michel Bertrand. En fin de compte, chaque marque doit d’abord suivre sa ligne identitaire et répondre à des questions esthétiques avant de pouvoir « parler pour parler ». Le féminisme, une tendance médiatique ? « Il y a quelque chose d’opportuniste qui est inhérent à la mode. C’est presque indécent mais on s’en fiche car ça se consomme super vite, puis ça s’oublie » pointe l’historienne Valérie Taieb.

En somme, la mode est l’un des meilleurs moyens par lequel une forme de féminisme  (la féminité) a réussi à s’exprimer jusqu’à présent. En contrepartie, la mode elle aussi a su tirer profit de ces engagements forts, pour la femme qu’elle représente. Les wonder woman, les working-girls… les femmes engagées de quelques façons, se sont retrouvées dans ces mouvements et ces inspirations de conquérantes. Et si le féminisme était devenu le nouveau « glam » ?

Article rédigé pour le Madame Figaro.fr

Défilé Chanel printemps été 2015

Décryptages mode

La tête de poulpe, nouvelle tendance à adopter?!

On l’a vue sur les podiums Chanel et Marc by Marc Jacobs ou encore chez Jacquemus, aujourd’hui c’est dans la rue qu’elle se démocratise. Cette manie de rentrer ses cheveux dans tout ce qui rode autour de notre cou serait-elle devenue la nouvelle manière de se coiffer ? Ou de ne pas se coiffer justement.

MAR_7981.450x675 [Défilé Marc by Marc Jacobs]

Laisser ses cheveux coincés dans son pull ? « Quelle idée » ! Et bien c’est pourtant peut-être le geste que vous adopterez demain. D’emblée on se demande pourquoi laisser ses pointes nous gratter le haut du dos, puis on se dit que si elles ne sont pas au top de leur forme, finalement, c’est peut-être pas plus mal, pourvu que ce soit tendance. Oh et puis il faut souffrir pour être belle, on vous l’a toujours dit ! Mais plus que ça, si cette nouveauté arrive à faire sa place, les fashionistas les plus aguerries n’auront pas à se faire prier pour suivre le pas. A condition d’avoir les cheveux longs évidemment. Une circonstance qui pourrait en inciter plus d’une à laisser pousser sa tignasse. 

Mais cette nouvelle lubie n’arrive pas là par hasard. Laissez-moi-vous rappeler combien se sont déjà laissé séduire par l’allure négligée entre coupes weavy, vestes de survet et compagnie… Alors si maintenant il suffit de faire comme si on avait à peine eu le temps de libérer ses cheveux de son pull pour avoir du style, pas de problème. « Nan j’ai pas eu le temps ce matin, trop pressée, trop over bookée, laisse tomber ». Ouai je crois que c’est ça qu’il faut répliquer. Bon quoi qu’il en soit, à partir du moment où l’on emboite le pas, on assume. Et on ne s’arrête pas là ! On peut bel et bien décliner l’opération au fil des accessoires : colliers, foulards, écharpes, tout y passe.

Alors si l’idée vous excite, exit les bonnes manières ! Vous savez ce qu’il vous reste à faire.