L’année est à la rigueur officielle ! Et c’est peu dire lorsque l’on voit l’influence militaire qui se dégage de l’ensemble des défilés. Passementeries, rangées de boutons, références patriotiques… l’uniforme prend du galon ! On le retrouve dans des ensembles marine structurés chez Nina Ricci, des manteaux bordés de boutons ronds métalliques chez Chloé, ou encore des pantalons officier chez Lanvin. La Maison explore d’ailleurs divers aspects du sujet avec une multitude de cordages, pompons, et empiècements de cuirs en guise de protection. Du côté des nouveautés, on découvre la réinterprétation de la veste sergent pepper de Valentino, avec un poncho structuré, largement teinté de ses inspirations ethniques. Un l’aura compris, l’importance est donnée aux détails symboliques du milieu militaire, et notamment aux boutons. Une influence toute droite venue des costumes marins annonçant le grand retour du pantalon à pont (savamment traduit taille haute dans les looks d’Isabel Marant) !
Lanvin, Valentino, Elie SaabChloé, Isabel Marant, Nina Ricci
Une inspiration des codes à la française autrement exploitée par Chanel. Ici, on approche l’uniforme, de sa forme brute, à la symbolique du garçon de café parisien. Karl Lagerfeld entretien le tailleur tweed et ses perles historiques tout en nous faisant découvrir une femme Chanel néo-bourgeoise très rock’n’roll avec ses sur-jupes nouées telles des tabliers. On est dans la superposition et dans la longueur, dans la veste officier et l’influence tayloring, on est dans le froufrou et la féminité, assurément. Car Chanel, à la frontière de toutes ces griffes, a vraiment su me surprendre sur ce coup.
Chanel
On l’a donc vu chez Chanel, mais plus généralement, pour l’hiver 2015-2016, la française regorge de féminité toute en frivolités. Des froufrous, en veux-tu en voilà… jouant ici entre voileries accumulées, tulles froncés, dentelles, et jeux de transparences -contrastants avec la lourdeur des velours et fourrures, inconditionnels de l’hiver. Les cols sont hauts et travaillés, avec le grand retour du jabot chez Chloé, col pelle à tarte chez Miu Miu ou encore les cols esprit « fraise » de Paul & Joe, romantique et espiègle. Avec ceci, ajoutons la réapparition des chemisiers à manches gigots chez Louis Vuitton et Givenchy ainsi que des manches pagodes/cloches (sensiblement opposées) chez Céline ou McQueen. Le tout, pour un retour aux années 70 qui ne fait plus dans la demi-mesure!
Chloé, Isabel Marant, Valentino
Et oui, on commençait à se faire rattraper timidement par ses volumes, ses couleurs et imprimés… mais cette année, l’influence seventies est bien là, et toute en rondeur. Pantalons flares, combinaisons, ou jupes-culottes, chez Céline, Chloé... gros cols roulés chez Chanel (et un peu partout), franges à foison chez Lanvin, grandes poches passepoilées chez Fendi et surpiqûres grossières chez Acne Studio… Côté jupe, si la « midi » –droite ou fendue- a encore de beaux jours devant elle, sa concurrente directe, la « mini » babydoll, plissée ou trapèze gagne du terrain. Globalement, on flirt entre l’allure bohème romantique et boyish brute, bien marquée par le retour aux détails de confections. Zip centraux, clous, œillets, jeux des laçages croisés…en soit, le must de l’esprit rétro.
Dries Van Noten, Paul & Joe, CélineIsabel Marant, Chloé, Acne Studios
Mais cet élan de nostalgie ne s’arrête pas à la coupe, puisqu’il a également ramené son lot de motifs adorés : des imprimés psyché, kaléidoscopiques, damiers, ou encore d’inspiration bestiale avec des touches reptiles mêlées à la géométrie des inspirations Op Art…notamment chez Fendi, Kenzo, Valentino, ou encore Vivienne Westwood. Imaginez, le tout sur un fond de tonalités fauves –oranges, marrons et gris- typiques des tapisseries 70’s…et nous voilà repeint ! Car côté motif, ce n’est pas fini, on a également le droit aux carreaux écossais chez Marc Jacobs, ou encore au floral incontournable de nos looks bohèmes chez Dries Van Noten notamment. Un match d’imprimés masculin/féminin flirtant avec des toiles irisées sur certains défilés…mais rassurons-nous, le lurex et les épaulettes 80’s se sont concentrés chez Balmain.
Miu Miu, Chloé, Dries Van Noten
Et puisque nous sommes sur la saison hiver, nos créateurs favoris ne pouvaient éviter la référence aux sports d’hiver et sa part de clins d’œil seventies, toujours. Au menu : des motifs jacquard, comme souvent, chez Isabel Marant, mais surtout : des ensembles en jersey boutonnés et ultra structurés, similaires aux combinaisons de ski des générations passées. Sur ce créneau, on découvre la collection très « première de la classe » de Prada , où le moutarde côtoie le turquoise sans complexe, ou encore Carven, qui confronte aussi ses ensembles structurés à des couleurs franches ponctuelles.
On retrouve ainsi l’aspect presque futuriste et géométrique des influences japonaises qui nous surprennent chaque saison. Au programme de ce côté : les coupes à plat dominent encore chez Balenciaga et Fendi, avec des manches trapèze ultra structurées, on continue d’accumuler et de superposer chez Miu Miu et Givenchy, (ou encore Dries Van Noten qui explore la sur-jupe telle une cape, dans le même esprit que Chanel), et les proportions ne cessent d’être repensées chez Stella McCartney, Kenzo, ou encore chez Chloé, avec ses manches trop longues. Aujourd’hui, les volumes se moquent d’êtres équilibrés, on est dans le « tout-large ». A commencer par le combo jupe-midi surplombée d’un top long et structuré pour une allure sportswear que l’on aime tant, notamment chez Valentino.
Kenzo, Balenciaga, Fendi, Stella McCartney, Valentino
A l’inverse de la forme globale qui semble s’agrandir à n’en plus finir, les accessoires sont restés dans le maxi serré pour l’hiver prochain. Le détail qui tue auquel on ne va pas échapper ? La botte chaussette. Coupée à mi-mollet (Givenchy/Chloé/Loewe) comme les bottes babies ultra sixties que l’on a commencé à pratiquer cet hiver, ou couvrant toute la jambe comme des cuissardes prolongeant la tenue (presque comme des académiques chez Dior), ce qui est sûr, c’est qu’elles laisseront deviner nos jambes de gazelle sous ces grands volumes. Et quitte à galber les extrémités, la mode a également choisi de mouler nos bras sous des maxi gants moulants, chez Prada et Dries Van Noten, à passer sous les manches de nos T-shirt larges comme une seconde peau s’il vous plait !
Marc Jacobs, Givenchy, Dior
Prada, Dries Van Noten, Olympia le Tan
On l’aura compris, l’hiver prochain nous replonge dans nos basiques en alternant rigueur structurée et frivolité romantique. On repense les proportions, on joue sur les détails symboliques, et on n’hésite pas à oser les volumes là où on ne les avait jamais exploré. Mais no panic, que l’on soit adepte ou non, il nous reste un petit peu de temps pour adopter ce qui nous conviendra le mieux ! A vos réinterprétations 😉